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Trois guerriers se jetèrent sur Aneurin comme une meute sur une bête acculée. Ils tentaient de le cerner. Aneurin parait sans cesse et reculait devant ce triple assaut. Il ne pourrait maintenir ce rythme longtemps.
Azilis demeurait quelques pas en amont, pétrifiée. Elle vit Kaledvour tournoyer et frapper un des barbares au cou. Le sang jaillit, l’homme s’écroula. Les deux guerriers restés en retrait sautèrent à bas de cheval et se joignirent au combat. Dans le même temps une lame entama la cuisse d’Aneurin, qui trébucha. Azilis s’entendit crier. Aneurin recula, plongea Kaledvour dans le thorax d’un adversaire, se retourna pour parer de nouveau.
— Attention ! hurla Azilis.
Une francisque avait fendu l’air et s’était abattue sur l’épaule de son cousin. Le jeune homme s’effondra à genoux, une expression de stupeur sur le visage. La hachette tomba à terre avec un bruit mat.
Fulvius s’avança, prêt à porter le coup fatal.
Il leva son épée malgré les cris d’Azilis. Au moment où il allait frapper, un sifflement fendit l’air. Il s’écroula, une flèche plantée dans un œil. « Kian ! pensa Azilis. Merci mon Dieu ! Merci ! » Elle chercha Kian des yeux tout en luttant pour maîtriser Luna que les cris et l’odeur du sang affolaient. D’autres flèches suivirent en volée, moins efficaces, se fichant dans la terre ou ricochant sur les cuirasses des guerriers. Déjà un Franc se précipitait vers Aneurin, toujours à genoux au milieu du sentier. L’homme allait frapper. Alors Azilis enfonça les talons dans les flancs de Luna et la lança en avant. Elle la jeta sur le guerrier puis tira sur les rênes de toutes ses forces. Luna rua, ses sabots battirent l’air et s’abattirent sur l’homme qui s’écroula, le crâne brisé. Avec un cri sauvage, Kian surgit de la forêt, dévalant la pente au galop, l’épée à la main.
Azilis ne le vit pas arriver jusqu’à elle. Luna poussa un long hennissement et se cabra avec une telle brutalité qu’elle fut projetée en arrière. Sa tête explosa.